25 novembre 2023 : Les sémiotiques du vivant. Histoire et catégories

Séance scientifique
Samedi 25 novembre 2023
9h30-12h30
Salle 578F (Halle aux farines)

Campus des Grands Moulins de l’Université Paris Cité
Plan du campus
(lien zoom sur demande)

Présentation

L’approche sémiotique du vivant s’inscrit dans l’histoire longue, dont témoigne le topos du « livre de la vie », lequel signifie littéralement que le monde porte l’empreinte de son créateur et qu’il s’agit donc de le déchiffrer (Cf. Crollius, De signaturis internis rerum, 1609). Si cette dimension herméneutique régresse aux siècles suivants, le référentiel sémiotique n’en conserve pas moins une place non négligeable dans l’interprétation des faits biologiques et plus généralement naturels. Dans le cadre de la Naturphilosophie, on songera par exemple aux Wahlverwandtschaften, aux affinités électives goethéennes. Il s’agit là d’un cas assez emblématique, dans la mesure où cette notion, qui correspond exactement à la « valence » des chimistes, vaut tout à la fois naturalisation de phénomènes spirituels et sémiotisation de la nature. Ces « affinités » ou « valences », ancêtres de la notion moderne d’affordance, furent par la suite régulièrement convoquées par J. von Uexküll (1864-1944) dans son approche écologique du vivant. L’une des caractéristiques du vivant est en effet, selon Uexküll, la sélectivité, car tout animal sélectionne dans le monde physique un nombre déterminé de marques (Merkmale), qui font sens pour lui et constituent son Umwelt. Ces notions uexkülliennes ont été à leur tour utilisées par Bühler (Sprachtheorie, 1934) pour définir la notion de pertinence, cette fois dans le champ du langage stricto sensu.

Comme le montre cet exemple, les relations entre métaphores langagières et modélisation du vivant ont été multiples et, surtout, n’ont jamais opéré en sens unique. On observe en substance trois phénomènes. 1) Historiquement, les notions sémiotiques ont offert, et continuent occasionnellement d’offrir une alternative aux explications d’ordre causal lorsque celles-ci étaient ou sont jugées insuffisantes, légitimant le cas échéant des positions vitalistes : pour les biosémioticiens, les êtres vivants répondent à des signes, et non uniquement à des stimuli physiques. 2) Ce choix a contribué à étendre la notion de signe au-delà des sciences du langage proprement dites. Or cette extension ramène au premier plan certaines questions inhérentes à la sémiotique (quant à la pertinence de la distinction entre signal et symbole, l’existence et la nature des signes complexes, etc.), auxquelles leur application aux êtres vivants fournit un support empirique dont la sémiotique philosophique était en partie dépourvue. 3) En sens inverse, le cas des affordances précédemment évoqué, mais aussi, par exemple, les travaux d’un Maturana correspondent à l’introduction de concepts naturalisants dans les disciplines, y compris celles traitant du langage, qui sont considérées comme faisant partie de la recherche cognitive. Ces notions allogènes sont de facto susceptibles d’exercer une fonction critique à l’égard des concepts sémiotiques ou sémantiques traditionnels de la grammaire.

Sans aucunement prétendre aborder les diverses composantes de cette histoire longue, la journée consacrée à la « biosémiotique » se propose d’illustrer quelques facettes des trois points ci-dessus.

Programme

9h20-9h30Anne Grondeux
CNRS, Directrice du laboratoire HTL
Présentation
9h30-10h10Didier Samain
Sorbonne Université. CNRS UMR 7597 Histoire des théories linguistiques.
Raisons du signe : le surplus sémiotique dans la description uexküllienne du vivant
10h10-10h50Jean-Michel Fortis
CNRS UMR7597 Histoire des théories linguistiques.
De l’affordance à la cognition incarnée et à la sémantique : entre externalisme et représentationalisme
10h50-11h10Pause
11h10-11h50Pauline Delahaye
Semiotics Department, Tartu University, Estonia.
Zoosémiotique, une histoire des frontières
11h50-12h30Anne-Gaëlle Toutain
Institut de langue et de littérature françaises de l’Université de Berne. CNRS UMR7597 Histoire des théories linguistiques.
La biosémiotique : une idéologie scientifique ?
13hDéjeuner

Résumés

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